Tous et toutes addicts?

Avez-vous déjà entendu parler de la nomophobie? Ce drôle de terme désigne une épidémie massive: l’addiction au téléphone portable. Pensez-vous y avoir échappé?

Les français consultent en moyenne leur téléphone 26,6 fois par jour. Pour les 18-24 ans, ce chiffre grimpe à 50 fois par jour. Pire encore, 41% des français consultent leur téléphone au milieu de la nuit.

Vous pensez ne pas être concerné.e? Vous pouvez réaliser ce petit test de vérification:

  • Dormez-vous avec votre téléphone à proximité?
  • Consultez-vous vos mails, ou vos fils d’actualités sur les réseaux sociaux à chaque situation d’attente?
  • Posez-vous systématiquement votre téléphone sur la table si vous vous rendez au restaurant et si oui, vérifiez-vous régulièrement vos notifications?
  • Vous sentez-vous angoissé.e si vous oubliez votre portable?
  • Avez-vous envie de changer de téléphone dès la sortie d’un nouvel appareil plus performant? Si vous avez répondu oui à au moins trois de ces questions, pourquoi ne pas vous lancer le défi de décrocher un peu et d’observer les effets sur votre bien-être?

 

Quels sont les risques?

Souvenirs, souvenirs…

En restant collé à son smartphone, on va peu à peu altérer notre capacité à nous créer de nouveaux souvenirs. L’écran est une source de distraction permanente qui vient troubler notre concentration. Connaissez-vous la pratique du phubbing? Le mot signifie est une contraction de « phone » et de « snubbing » (« téléphone » et « snober » en anglais). Cela désigne le fait de ne pas donner son attention à quelqu’un lors d’une conversation en face à face en préférant naviguer sur son smartphone. Peut-être en avez-vous déjà été victime? Si on ajoute à cela le temps que nous passons à tout prendre en photo plutôt qu’à profiter de l’instant, on comprend qu’on ne peut plus créer de nouveaux souvenirs durables aussi facilement.

Un cerveau sur-sollicité

Être addict à son smartphone, c’est aussi prendre le risque de perdre ses capacités de mémorisation. Avez-vous remarqué qu’on ne cherchait plus les réponses à nos questions de la même façon depuis que les moteurs de recherche peuvent y répondre instantanément? Le problème, c’est que nous ne retenons pas vraiment ce que nous lisons sur un écran. Le cerveau retient mieux ce qu’il lit sur du papier. Nous sommes certes beaucoup plus informés, mais cela bride notre créativité.

De plus, les écrans nous sollicitent en permanence et nous demandent d’être multitâches. Nous sommes à la fois en train de travailler sur notre ordinateur, tout en consultant nos mails sur notre

smartphone qui nous permet aussi de tenir une conversation téléphonique. Nous sommes rarement concentrés sur une tâche à la fois, et donc nous allons mettre plus de temps à réaliser chaque tâche. Être sollicité à chaque instant nous rend moins efficace.

L’angoisse de ne plus être joignable

Nous avons de plus en plus l’impression de ne pas pouvoir nous séparer de nos écrans, de devoir être joignables en permanence. Cette angoisse de rater quelque chose est définie par l’acronyme FOMO (Fear Of Missing Out, la peur de manquer quelque chose). Elle atteint de plus en plus de personnes et devient un véritable poison qui peut conduire au burn-out. En effet, en l’obligeant à se rendre disponible et réactif et disponible tout le temps, le cerveau ne se relâche jamais.

Les réseaux sociaux et leurs dérives

Le dernier risque de l’addiction au digital concerne les réseaux sociaux. Cela est particulièrement frappant pour la jeune génération qui en maîtrise tous les codes. Attacher trop d’importance aux images renvoyées par les réseaux sociaux peut provoquer des troubles de l’estime de soi, des insomnies, du stress voire de la dépression. En voyant le quotidien de proches ou d’inconnues exposé en permanence, on peut être amené à penser que notre vie est moins bien. Or les gens ne publient que ce qu’ils veulent et ne montrent qu’une version édulcorée et fantasmée de leur vie. Finalement, les réseaux sociaux peuvent aggraver un sentiment de solitude dont souffrent aujourd’hui plus d’un français sur dix. La solitude n’est pas toujours négative, mais elle doit être vécue comme un droit de s’ennuyer, ou un moment pour se recentrer sur soi et non une souffrance et un enfermement. Plus grave encore, les réseaux sociaux sont le lieu du harcèlement ciblé et le taux de suicide provoqué par ce dernier ne cesse d’augmenter.

 

Et si on déconnectait?

Il peut être difficile de se dire « je vais arrêter les écrans pendant telle durée ». C’est bien normal de ne pas pouvoir! Il y a des moments où l’on doit être disponibles, répondre à nos appels ou nos mails pour des raisons privées ou professionnelles.

Dans ce cas, on peut peut-être s‘autoriser une journée de détox digitale par semaine, le dimanche par exemple!

On peut aussi profiter de ses vacances pour prolonger l’expérience sur plusieurs jours voire une semaine! L’important est de se fixer une échéance, de se dire qu’on se donne la journée, trois jours ou une semaine exactement de détox. S’autoriser à ne plus être joignable et à ne plus avoir de comptes à rendre est un excellent moyen de se sentir vraiment en vacances!

detox-digital

Trucs et astuces pour une détox digitale réussie

Préparer sa détox

  • Installer une des applications qui comptent le temps que l’on passe à consulter notre smartphone pendant une journée. C’est idéal pour prendre conscience du temps que nous consacrons réellement à notre écran! Par exemple Forest ou Space
  • Préparer des mails d’absence et un message sur son répondeur pour prévenir ses interlocuteurs de son indisponibilité.

Pendant la détox

  • La solution la plus radicale: éteindre son téléphone, le ranger quelque part et ne plus y toucher de la journée ou des vacances!
  • Si on utilise son téléphone comme réveil-matin, on peut envisager de s’offrir un autre réveil pour ne plus dormir à côté de son téléphone.
  • Trouver une activité enrichissante pour occuper le temps passé habituellement sur son smartphone. Prendre un livre, découvrir un nouveau hobby, faire des activités manuelles ou à l’extérieur…
  • Ne plus avoir peur de manquer une information. En général, notre smartphone nous abreuve de nouvelles qui en général peuvent attendre avant que nous y prêtions attention. Profiter du mode « ne pas déranger » de son téléphone pour ne plus être sollicité.e en permanence.
  • Prenez le temps de vous retrouver avec des ami.e.s ou votre famille pour partager des bons moments et renforcer de vrais liens. Le sentiment d’appartenance à un groupe est le troisième besoin de la pyramide de Maslow!

maslow

 

Après la détox: profiter des bénéfices!

  • Pour garder ses bonnes habitudes après une détox, on peut tout simplement s’interdire d’utiliser son smartphone dans certains contextes: dans sa chambre, à table lors des repas, pendant qu’on regarde un film, etc.
  • Utiliser son smartphone en conscience. Cela signifie prendre le temps de se se demander pourquoi on l’a en main. Il est devenu courant d’attraper son portable, de faire le tour de ses réseaux sociaux et de le reposer un long moment après sans savoir pourquoi on l’a regardé.
  • Faire le tri dans ses applications et ne garder que celles qu’on utilise vraiment. On peut aussi désactiver les notifications pour ne plus être incité à les consulter à de nombreuses reprises, mais seulement quand on le souhaite.
  • Limiter son usage quand nous sommes avec d’autres personnes, comme au restaurant, pour prendre le temps de profiter de l’instant.

Lâcher son smartphone, c’est se laisser le temps de créer des souvenirs sans se sentir obligé de prendre tout ce que l’on voit et que l’on mange en photo pour le partager. Déconnecter du digital permet de se reconnecter au présent et à ce que nous vivons pour profiter de chaque instant.

Lancez-vous!

Infographie détox digitale